Controverses publiques de l'ERER NPDC dans le cadre du débat national sur la fin de vie

La publication de l'avis N° 121 du CCNE intitulé " fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir " vient remettre sur le devant de la scène, si tant est qu'il l'avait quitté, le débat sur l'euthanasie et le suicide assisté. Très grossièrement, ce document comporte un avis majoritaire qui conclut à la nécessité de maintenir un interdit de donner la mort ainsi qu'un avis minoritaire qui défend la reconnaissance d'un " droit de mourir ". Il insiste également sur le fait que ce n'est qu'un document de réflexion parmi d'autres et appelle de ses vœux la poursuite d'un large débat social.

Les espaces de réflexion éthique régionaux (ERER), conformément à l’arrêté du 4 janvier 2012, ont vocation à susciter les initiatives en matière d'éthique dans les domaines des sciences de la vie et de la santé. L’ERER du Nord Pas-de Calais s’est donc saisi de cet appel et s’est employé à organiser ce débat dans la région. Pour éviter l’affrontement de deux camps sans réelle argumentation et sans écoute réciproque, le format de controverses publiques dans diverses villes du Nord-Pas-de-Calais a été retenu. 

Méthodologie
Sur le modèle des disputatio universitaires, il était demandé à deux spécialistes de la même discipline de soutenir en public des thèses opposées en répondant à des questions choisies à partir des points de divergence les plus flagrants qui ressortaient de l'avis 121 du CCNE et, plus généralement, des débats ayant eu lieu lors de la mission du professeur Sicard. Il s'agit de se situer dans un registre différent de celui des travaux des deux commissions menées par le député Leonetti (consultations de spécialistes, experts ou militants) et des travaux de la commission Sicard (consultation de citoyens). À la différence des disputatio scolastiques, il n'est pas été prévu de determinatio magistralis, mais une discussion avec la salle par l'intermédiaire de questions posées par écrit auxquelles les orateurs doivent répondre chacun à leur tour, dans le fil d'une discussion entre eux. Ces controverses ont été organisées "en ville", de manière à toucher un public peu familier des enceintes universitaires et hospitalières.

L'avantage recherché était triple :

  1. permettre une argumentation explicite sans interruption,
  2. montrer que le débat n'est pas une opposition entre les disciplines mais a lieu au sein de chacune d'entre elles,
  3. permettre à des personnes qui ne sont pas à l'aise en public de poser des questions anonymement.

Quatre controverses ont été organisées :

Les orateurs n'ont pas défendu exactement leur position personnelle, mais une position dialectique théorique destinée à éclairer le débat public sur la fin de vie.