Le vieilissement à l'épreuve des choix

13 avril : Colloque organisé par la faculté des sciences juridiques de Lille en collaboration avec l'ERER des Hauts-de-France

Le vieillissement de l'Homme conduit à sa stigmatisation sociale lors de deux moments charnières de sa vie : lorsqu'il devient dans le monde de l'entreprise un "senior" et lorsqu'il devient dépendant. Le droit est sollicité de manière récurrente autour de ces temporalités particulières, la première dans une phase où il est encore un "actif" ou tente de le rester, la seconde lorsqu'il ne l'est plus et où son autonomie physique et/ou psychologique s'amenuise considérablement.

Lors de ces deux phases, il devient officiellement "vulnérable" en raison de son âge, les sémantiques utilisées couramment pour les qualifier en sont l'illustration : "senior", pour l'un, "baby boomer" pour l'autre. Lors de la première phase du confinement au premier semestre 2020 liée à la covid 19, le virus s'est même vu affublé sur certains réseaux sociaux d' " exterminateur de baby-boomers ", plaisanterie de mauvais goût, diffusée au niveau mondial, alors que 90% des 200.000 (premiers) morts du coronavirus avaient, à l'époque, plus de 70 ans. S'ajoute indépendamment de la dépendance, l'aggravation d'une fracture générationnelle générée par la pandémie entre des aînés sacrifiés lors du premier déconfinement au nom de la relance économique et les jeunes générations qui l'étaient lors du confinement et qui le sont encore en cette année 2021 où l'épidémie n'est pas encore maîtrisée. Le choix des qualifications de la personne vieillissante véhicule donc des représentations sociales induisant certaines valeurs transmises inéluctablement aux nouvelles générations. Sont relevées dans des rapports récents des tentatives ponctuelles de changement sémantiques moins péjoratives telles celle de travailleur " expérimenté " ou d' " aîné ".

Le vieillissement qui impacte l'Homme, à une époque de vieillissement global de la population française où le système de retraite est en cours de réforme aux fins d'assurer sa viabilité, induit la crainte d'un coût : d'une part, pour l'entreprise (lié à l'ancienneté ou au risque statistique de morbidité) mais aussi pour la collectivité si le travailleur " expérimenté " est exclu du marché du travail et, d'autre part, pour la personne dépendante, sa famille voire à défaut la société notamment par la mise en oeuvre de l'aide sociale légale si la personne ne peut être maintenue à domicile.

Le vieillissement de l'Homme est donc à l'épreuve des choix. La société, en général, et le législateur, en particulier, se polarise de manière récurrente sur ces deux moments clés où l'Homme devient " fragile " et où ses droits et libertés sont mis à mal et la solidarité sociale mise à l'épreuve. La volonté politique de soutenir la solidarité familiale s'est déjà traduite par la création d'un statut des aidants en droit social depuis quelques années. Ce statut s'étoffe régulièrement comme l'illustre l'adoption du principe de rémunération du congé de proche aidant par la loi du 24 décembre 2019 de de financement de sécurité sociale pour 2020. Parallèlement deux réformes initiées au premier semestre 2020, celle du système de retraite et celle créant un nouveau risque et une nouvelle branche consacrés à l'autonomie, illustrent la volonté politique de prendre en compte ces préoccupations enfin à bras-le-corps et, plus largement, la prise de conscience de la société de mener à bien la modification du droit pour faire reculer la stigmatisation et le rejet au profit de l'inclusion dans une société plus humaine.

La réflexion sera menée par des juristes et des philosophes.

 


PROGRAMME

 

8h30 Accueil du public

9h Allocutions d'ouverture

  • Jean-Gabriel CONTAMIN doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l'Université de Lille
  • Robin CREMER directeur de l'Espace de réflexion éthique régional des Hauts-de-France
  • 9h20 Propos introductifs Bérengère LEGROS maître de conférences HDR en droit privé à l'université de Lille, l'EREDS/CRDP 9
  • 9h30 Qu'est-ce que vieillir ? Le vieillissement : une notion polysémique Philippe SANCHEZ docteur en philosophie de l'université catholique de Louvain, formateur en éthique, cabinet Socrates

 

LE VIEILLISSEMENT ET LA PERSONNE ACTIVE


Présidence de séance : Bernard BOSSU, professeur en droit privé à l'université de Lille, directeur de l'EREDS/CRDP, doyen honoraire, co-directeur de l'Institut des sciences du travail et Bérengère LEGROS, maître de conférences HDR en droit privé à l'université de Lille

  • 10h Le vieillissement en entreprise Bernard BOSSU professeur en droit privé à l'université de Lille, directeur de l'EREDS/CRDP
  • 10h30 Le vieillissement et les aidants Yefoungnigni SILUE doctorant en droit privé à l'université de Lille, l'EREDS/CRDP
  • 11h Vieillissement et départ anticipé Sophie ROZEZ maître de conférences en droit privé à l'université Paris Nanterre, CEJEC
  • 11h30 Pause
  • 11h40 La réforme des retraites Bastien URBAIN docteur en droit privé de l'université de Lille, consultant au cabinet Ère conseils retraite
  • 12h10 Discussions avec le public
  • 12h40 Déjeuner libre

 

LE VIEILLISSEMENT ET LA PERSONNE "DEPENDANTE"


Présidence de séance : Robin CREMER, directeur de l'Espace de réflexion éthique régional des Hauts-de- France et Bénédicte BOYER-BEVIERE, maître de conférences HDR à l'université de Paris 8, CRJP8

  • 14h Réflexions sur les notions d'autonomie et de dépendance Stéphane ZYGART docteur en philosophie, enseignant à l'université de Lille
  • 14h30 Le cinquième risque dépendance Jean-Philippe TRICOIT maître de conférences HDR en droit privé à l'université de Lille, l'EREDS/CRDP, codirecteur de l'Institut des sciences du travail
  • 15h Vieillissement et accès aux soins Camille BOURDAIRE-MIGNOT maître de conférences en droit privé (CEDCACE) et Tatiana GRÜNDLER maître de conférences en droit public (CREDOF) à l'université Paris Nanterre
  • 15h30 Accélération de la santé numérique et soins des personnes âgées fragilisées Margaux TACCOEN doctorante en philosophie pratique sur le numérique en santé, chargée de mission à l'Espace de réflexion éthique régional des Hauts de France
  • 16h L'expression de la volonté en EHPAD Célia BLONDEL doctorante en droit privé à l'université de Lille, l'EREDS/CRDP
  • 16h30 Pause
  • 16h40 L'articulation de la volonté de la personne en EHPAD avec les instruments de protection Gilles RAOUL-CORMEIL professeur de droit privé à l'université de Brest, responsable de l'axe " vulnérabilité " du Lab-LEX
  • 17h10 Discussions avec le public
  • 17h30 Propos conclusifs Bérengère LEGROS maître de conférences HDR en droit privé à l'université de Lille