Prise de position officielle de l ’Académie nationale de médecine au sujet de l'aide active à mourir

Dans un avis du 27 juin, l'Académie de médecine écarte le recours à l'euthanasie et prône des exceptions d'assistance au suicide.

L'Académie de médecine rend public un avis dans la cadre du débat national sur la fin de vie. Cet avis, voté en séance plénière du mardi 27 juin 2023, résulte de la réflexion, des auditions et des débats conduits par les membres du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine.


Conclusions de l'Avis

Tenant compte de la volonté du législateur de modifier le cadre actuel de la loi sur la fin de vie, l’Académie nationale de médecine tient à :

  1. Souligner l’importance et l’intérêt des dispositions législatives en place portant sur la fin de vie à court terme, socle d’une avancée humaine, qui sont à conserver précieusement et à confirmer tant elles sont essentielles.
  2. Alerter sur le décalage inacceptable entre les droits ouverts par ces textes législatifs en vigueur, et leur application hétérogène sur les territoires, en particulier par l’insuffisance de l’offre d’accès aux soins palliatifs.
  3. Réaffirmer que l’accompagnement, l’écoute, l’attention portée à la personne en fin de vie et à ses proches doivent être assurés (quelle que soit la décision prise).
  4. Affirmer qu’il est inhumain, lorsque le pronostic vital est engagé non à court mais à moyen terme, de ne pas répondre à la désespérance de personnes qui demandent les moyens d’abréger les souffrances qu’elles subissent du fait d’une maladie grave et incurable.
  5. Répondre à ces situations de supplice non soulagé d’une vie sans espoir, en aménageant de manière encadrée le dispositif actuel par l’ouverture de droits nouveaux pour aider à mourir le moins mal possible, en acceptant à titre exceptionnel l’assistance au suicide, sous conditions impératives.
  6. Souligner la difficulté mais aussi la nécessité de concilier les messages de prévention du suicide et les soins prodigués dans les suites d’une tentative de suicide, avec l’assistance au suicide.
  7. Ecarter l’euthanasie au regard de sa forte portée morale et symbolique, mais aussi du fait que les professionnels et membres des associations de l’accompagnement en fin de vie s’y opposent et redoutent cette pratique.
  8. Affirmer qu’une reconnaissance de l’assistance au suicide rend impérative la nécessité de mettre en place sur l’ensemble du territoire une offre en soins palliatifs correspondant aux besoins et accompagnée des moyens nécessaires.
  9. Souligner que l’assistance au suicide ne saurait suffire à une fin de vie paisible et digne que seul peut apporter un accompagnement compétent et attentionné, respectueux de la demande des patients et de l’attente de leurs proches. D’où le prérequis impératif d’un accès aux soins palliatifs et de la formation initiale et continue obligatoire de l’ensemble des professionnels de santé afin de garantir un continuum entre les soins curatifs et palliatifs.