La démocratie et la liberté des vivants
LA DÉMOCRATIE ET LA LIBERTÉ DES VIVANTS
Réponse à « Quel monde demain pour nos enfants et petits-enfants ? » d’Alain de Broca
Auteur : Philippe Sanchez, PhD.
Dans son document « Quel monde demain pour nos enfants et petits-enfants ? » (désormais QMDPNE), Alain de Broca pose un grand nombre de questions et nous propose des pistes de réflexion, toutes stimulantes. Leur nombre nous empêche d’ébaucher des réponses pour toutes. Nous reprenons dans la suite de ce document en sous-titre chaque point dont nous traiterons.
L’USAGE DES VALEURS ÉTHIQUES
Face aux nombreux enjeux écologiques qui nous assaillent, que l’auteur envisagent comme contradictoires (on aimerait savoir lesquels précisément), de Broca se demande si une démocratie est possible. Il écrit : « Les valeurs éthiques pour y répondre au mieux pour le bien de tous ne peuvent être suivies à la lettre, car les unes s’opposent aux autres sans compter que chaque valeur a des définitions différentes selon la manière dont on la voit ! ».
Il convient d’éclairer ce mot de « valeur » qu’on emploie à longueur de traités d’éthique, de discours politiques, d’essais philosophiques, tous azimuts et parfois à tort et à travers. Prenons la définition figurant dans le glossaire du Petit traité des valeurs dirigé par Julien Deonna et Emma Tieffenbach :
Selon une conception répandue, les valeurs sont ce qui rend appropriées (correctes, adéquates, etc.) certaines attitudes psychologiques favorables (approbation, désir, plaisir, etc.) ou défavorables (désapprobation, aversion, déplaisir, etc.) à l’égard des choses (personnes, situations) qu’elles qualifient. Par exemple, la beauté est ce qui rend appropriée l’admiration [1].
Ce qui a de la valeur est ce qui a du prix, ce qui est important, ce qui justifie qu’on fasse effort pour y accéder. Et les valeurs nous servent à évaluer, c’est-à-dire nous prononcer sur la bonne ou la mauvaise qualité d’une chose, d’une situation, d’une idée, d’une argumentation. Sans valeur, pas d’évaluation possible, pas de jugement moral, pas de position éthique possible. Et effectivement, de Broca a raison : une même valeur peut être vue différemment.
Mais les valeurs ne suffisent pas à penser les enjeux du monde contemporain, car elles demeurent abstraites et donc extrêmement générales, ce qui laisse place aux interprétations divergentes de ce qu’implique chaque valeur comme actions concrètes à mener. Elles proposent des idéaux – interprétés diversement selon les locuteurs – mais aucune directive de vie précise.
Ces valeurs générales nous donnent des repères sur ce qui est bien et ce qui est juste, et donc aussi sur ce qui est mal et injuste. Mais si je dis « Ma valeur cardinale c’est l’égalité. », je n’ai rien dit de précis. Vous seriez pertinent à me demander : « Mais concrètement ? Comment vivez-vous cette valeur d’égalité ? ». Chacun voit différemment les valeurs justement parce qu’elles sont abstraites. Et on ne peut donc suivre à la lettre une idée aussi générale. C’est simplement impossible.
Pour statuer sur des enjeux aussi complexes que ceux évoqués par de Broca, il faut passer des valeurs aux normes : normes morales, normes déontologiques, lignes de conduite éthiques et normes juridiques. Les questions normatives à se poser, après avoir analysé les enjeux écologiques avec précision, sont : quelles règles se donner individuellement pour relever ces défis ? quelles règles se donner collectivement (et donc juridiquement) pour relever ces défis ?
A rester sur le plan des valeurs abstraites, la réflexion ne peut que caler. Et la démocratie, conçue comme débat de citoyens sur leur destin commun et sur des décisions politiques, requiert une réflexion qui excède le champ des valeurs, tout à fait nécessaire mais pas suffisant pour des débats politiques de bonne tenue.
LA DÉMOCRATIE ET LES RESTRICTIONS DE LIBERTÉ
Alain de Broca pose la question : « La démocratie est-elle encore démocratie quand sous couvert de situation mondiale telle une pandémie, les restrictions de liberté sans discussion réellement démocratique, sous la férule d’experts (ici en santé publique) nouveaux gourous d’un pouvoir qui se dit de haut en bas, quand la démocratie est un processus de bas en haut ? »
Notons que le ton pamphlétaire de la question laisse penser que pour son auteur, l’affaire est entendue : la démocratie n’est plus démocratie dans ces conditions. Je m’emploie cependant à prendre cette question au sérieux : une démocratie qui fait l’économie du débat au profit de décisions rapides guidées par des experts est-elle encore démocratique ?
Le problème est à aborder sur le plan de la temporalité de la décision en situation de pandémie virale. De Broca est un penseur de la temporalité, particulièrement dans le soin, où il s’agit pour le soignant (et particulièrement pour le médecin, qu’il est) – et en dépit des logiques de rentabilité voire d’expédition du soin – de s’adapter aux différents rythmes que rencontre un patient dans son parcours de soin. En médecin et philosophe humaniste, de Broca prend soin d’écouter la parole et d’accompagner sur la durée le patient qui vient à lui et sa famille [2].
Mais de Broca pense le soin dans le temps long et pour l’individu. La situation présente engage des populations nationales (et pas des individus sans lien les uns avec les autres), et à plus large échelle la population mondiale : la médecine de l’individu a d’autres enjeux que la médecine de santé publique, en charge de la santé des populations. Il s’agit pour elle aujourd’hui de soigner des individus certes, mais surtout de préserver les populations de la contamination, et ce dans un temps bref.
Le statisticien américain Tomas Pueyo (Université Stanford), dans un éclairant article « Le marteau et la danse [3] » pose la question :
Imaginez que vous alliez affronter votre pire ennemi, que vous connaissez très peu, et que vous ayez deux options : soit vous courez vers lui, soit vous fuyez pour gagner un peu de temps de préparation. Lequel choisiriez-vous ?
C’est ce que nous devons faire aujourd’hui. Le monde s’est réveillé. Chaque jour gagné à retarder le coronavirus, nous pouvons mieux nous préparer.
Si on suit les analyses de Pueyo, il s’agit de gagner du temps face un ennemi – le virus – qui avance vite et frappe fort chaque jour des personnes toujours plus nombreuses. Nos gouvernants sont voués à décider sur le temps court.
Le problème des processus démocratiques – consultations citoyennes et débats parlementaires – est qu’ils prennent du temps. Prendre le temps du débat parlementaire et de conférences citoyennes reviendrait à courir la fleur au fusil vers notre pire ennemi, en le laissant surcharger les services de soins intensifs et les hôpitaux les uns après les autres.
Autre point : le rôle des experts. Le problème des experts en démocratie est aussi vieux que la philosophie politique elle-même : Platon plaide pour le pouvoir des experts dans la cité et non le pouvoir au tout-venant, dans Gorgias [4]. Il suggère que quand on a besoin de construire une maison on fait appel à un architecte et à un maçon. Quand on veut fabriquer un bateau, on fait appel à un armateur. Quand il s’agit de prendre des décisions politiques dans une démocratie, on fait appel au simple citoyen, qui n’a aucune compétence particulière ni de connaissances adéquates pour statuer sur les problèmes politiques. Cherchez l’erreur…
En démocratie, le tout-venant est censé pouvoir se prononcer sur des problèmes politiques complexes, éventuellement sans se documenter et sans conscience des limites de ses capacités de compréhension des problèmes. Face à la pandémie de COVID-19 et à la surcharge présente et à venir des hôpitaux français, les citoyens sont censés savoir quelles décisions prendre. Le préalable serait déjà qu’ils se documentent abondamment et à des sources fiables – pas à des médias distributeurs de sensations fortes et de fake news – pour déterminer quelles pourraient être les bonnes décisions à prendre dans cette situation.
Dressons un parallèle. Parfois, dans certains EHPAD où il y a une méconnaissance des soins palliatifs, des personnes en fin de vie souffrent, mais les soignants et leurs chefs se disent « On peut gérer nous-mêmes : les soins, on sait faire. » Quand la personne se tord de douleur et que la famille commence à s’affoler, le directeur de l’EHPAD appelle l’équipe mobile de soins palliatifs. Et cette dernière arrive en renfort la veille du décès, ce qui ne lui laisse pas le temps nécessaire pour accompagner efficacement la fin de vie. Appeler les experts plus vite aurait sûrement pu épargner des souffrances à la personne âgée et à son entourage.
Ceux qui prônent le débat parlementaire et les conférences citoyennes, pour décider des décisions les meilleures pour atténuer la propagation du virus, sont comme ces soignants qui méconnaissent les soins palliatifs. Ils se disent « notre système de santé sait gérer cela : nous avons le temps de débattre de ce qui est bon ou pas pour notre pays face au virus ». Or, le temps de la décision est court, l’urgence présente dans le grand-est, en Ile de France, et tarder serait vouer les hôpitaux surchargés à une crise sans précédent… auxquels certains sont déjà confrontés.
Certes, les décisions qui restreignent les libertés sans débat parlementaire ni citoyen, apparaissent anti-démocratiques. Mais le propre des démocraties européennes est aussi d’être des État-providence, où la préservation de la vie et la prévention des coups durs – pour les individus et l’ensemble de la population – font partie des responsabilités des gouvernants.
Les État-providence ont instauré et maintenu des droits sociaux, dont le droit à la santé est cardinal. A propos du fondement philosophique de ces droits le philosophe François Ewald écrit :
La valeur fondamentale n’est plus tant la liberté, comme valeur des valeurs, que la vie, tout ce qui est vivant, tout ce qu’elle produit, ses potentialités qu’il faut actualiser. La liberté n’en est, en fait, qu’une propriété éventuelle dont la valeur n’est jamais que relative aux fins poursuivies. La problématique des droits sociaux suppose une objectivation universelle du vivant comme richesse que la société doit extraire, développer, multiplier pour le bien de tous : le capital le plus important, c’est le vivant. Cette problématique est tournée vers la maximisation de la vie sous toutes ses formes. [5]
Si on suit les analyses d’Ewald, la préservation et la maximisation de la vie prime sur la liberté. Les fins poursuivies par les Etats-providence sont la préservation de la vie des populations dans des conditions dignes. En période de menace grave sur la vie de nombres de concitoyens, les gouvernants ont le devoir de faire tout le possible (éventuellement via des procédures antidémocratiques) pour préserver la vie. Et par le confinement obligatoire assorti de sanctions en cas de transgression, c’est ce qu’ils font.
Tant que la liberté et la préservation de la vie sont compatibles, les gouvernants les favorisent sans les prioriser. Quand la mort en masse se profile, et que le service public risque une crise majeure (qui l’amènerait à faillir durablement et dans son ensemble à sa mission de maintien de la vie), le maintien de la vie et la préservation de la santé de la population priment sur la liberté.
QUELLE CONDITION NÉCESSAIRE À LA PRÉSERVATION DE LA VIE, PUIS A LA DÉMOCRATIE ET LA LIBERTÉ ?
De Broca écrit, au quatrième paragraphe de QMDPNE : « Obliger la population à se soumettre à la perte de toute liberté est signe que la vie n’a plus de sens pour ceux qui édictent ces circulaires, décrets. » Au vu de ce que je viens d’écrire dans la section précédente, j’affirme que cette proposition est fausse. Supposons que nos gouvernants n’imposent pas le confinement, que risque-t-il de se passer ?
Je renvoie à l’article de Pueyo « Le marteau et la danse ». Si nous ne faisons rien, ou seulement suggérer aux gens de rester chez eux, comme D. Trump pour l’instant et B. Johnson jusqu’au 24 mars, les services de soins intensifs vont être saturés (certains le sont déjà), et les équipes médicales vont devoir trier les malades à sauver, et ceux qu’on ne peut pas sauver parce qu’on n’a pas assez de matériel et de lits pour tout le monde. En Italie, la semaine dernière, les patients COVID-19 de plus de 75 ans n’étaient plus ventilés.
Pueyo précise aussi qu’il y aura aussi des dommages collatéraux pour d’autres patients que ceux atteints par le coronavirus. Des patients atteints d’autres pathologies que le COVID-19 risquent d’être mal soignés à cause de l’état d’urgence et des réorganisations de service dans les hôpitaux.
L’idée, explique Pueyo, est de frapper au marteau (frapper fort) sur le COVID-19 en imposant le confinement strict, pour ramener le niveau de contamination au-dessous de 1. Jusqu’à présent, une personne contaminée en infecte trois autres, dans les pays non confinés. Pour considérer la pandémie contenue, il faudrait qu’une personne contaminée n’infecte plus qu’une seule autre personne.
En limitant au maximum les rencontres, on empêche la propagation du virus. Cela vise à éviter que les hôpitaux qui reçoivent des milliers de malades en même temps, sans pouvoir assurer des soins de qualité à tous. Quand le virus sera contenu et arrêtera de progresser, les gouvernants pourront desserrer l’étau et retrouver nos libertés progressivement. Quelques milliers de morts en moins : le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Sauver des vies consiste à sauver des femmes et des hommes qui pourront exercer leur liberté quand ils seront guéris. Pour permettre à un maximum de gens de retrouver leur liberté d’avant la maladie, il s’agit de faire en sorte que les hôpitaux ne soient pas submergés de patients qui arrivent tous en même temps dans les services d’urgence et de soins intensifs.
La liberté est une notion qui, dans l’histoire de la philosophie, a été thématisée en réaction à l’aliénation, la domination et l’exploitation. Un individu est aliéné quand les conditions pour mener sa vie comme il l’entend lui sont confisquées. Or la principale condition pour être libre, c’est d’être vivant ! Donc l’objectif du gouvernement est de frapper fort pour qu’un maximum de personnes restent vivantes, et puissent reprendre leur vie et le mener comme elles l’entendent.
Parmi les différentes conceptions philosophiques de la liberté, la liberté comme égalité des chances entre tous les citoyens a structuré nos État-providence. L’égalité des chances suppose que tout citoyen doit avoir la possibilité concrète de réaliser son (ses) projet(s) de vie, à égalité avec tous les autres citoyens, et ce quels que soient son origine sociale, son sexe, ses éventuels handicaps, son ethnie, sa couleur de peau, et d’autres critères distinctifs encore [6].
La santé fait partie des critères distinctifs qui ne doivent pas défavoriser un citoyen par rapport aux autres. Par conséquent, une démocratie soucieuse d’égalité des chances a au moins deux missions concernant la santé : premièrement, faire en sorte que tous ceux qui peuvent être soignés de leurs diverses pathologies le soient ; deuxièmement, que tous ceux qui ne peuvent pas être soignés et doivent vivre avec une pathologie chronique ou/et un (des) handicaps ne soient pas discriminés et désavantagés à cause de cela et soient compensés pour être à égalité de chances avec les autres.
Préserver la vie implique de lutter contre la mort. Dans QMDPNE, de Broca propose une réflexion philosophique sur notre mortalité d’être humain, affirmant que les techniques modernes sont formidables mais qu’« elles ne doivent pas nous faire croire que la technique pourra éviter notre condition de mortel ». On peut comprendre, à le lire, que les techniques de traçage par géolocalisation pour éviter les contamination – par exemple – ne nous préserveront pas de la mort, qui nous attend tous, dans les prochains jours, les prochaines semaines ou plus tard.
Comme de Broca, je déplore l’oubli de notre mortalité dans une société où la mort est pire que le diable ! Mais quelles conclusions concrètes tire de Broca de sa réflexion philosophique sur la mortalité ? Faut-il lever le confinement ? et si oui, avec quelle justification ? Faut-il renoncer à lutter contre la mort et laisser le virus faire son œuvre ? Faut-il prendre d’autres mesures pour lutter contre la pandémie ?
La seule petite certitude que nous avons à la lecture de QMDPNE, c’est que de Broca semble opposé au confinement. Il serait bon qu’il poursuive sa réflexion sur notre mortalité d’être humain, pour savoir quelles conclusions pratiques il en tire concernant les décisions politiques à prendre en cette période de crise.
CONCLUSION EN GUISE D'OUVERTURE
Dans ses Mémoires, le philosophe Raymond Aron écrit :
Le citoyen contre les pouvoirs s'arroge immédiatement l'irresponsabilité. Une fois que j'eus surmonté les incertitudes de ma jeunesse et les limites de ma formation académique, je pris une position extrême, de l'autre côté : je me voulus responsable presqu'à chaque instant ; toujours enclin à me demander : qu'est-ce que je pourrais faire à la place de celui qui gouverne ? [7]
Je pose la question à Alain de Broca : que feriez-vous face à l’encombrement (l’implosion) des services de soins intensifs et des hôpitaux français, et à face la multiplication rapide des malades et des morts, si vous étiez à la place du Premier Ministre ? Comment justifierez-vous ces décisions ?
Le débat démocratique que souhaite Alain de Broca sera amplement nécessaire pour tirer les leçons de la crise, en vue de faire face à des crises sanitaires futures, lorsque nous aurons récupéré notre liberté d’aller et venir et notre liberté de réunion. Le temps court de la crise sanitaire croissante est aux mesures de prophylaxie et d’organisation des soins d’urgence et des soins intensifs. Le temps long du débat démocratique viendra ensuite.
La question des problèmes éthiques liées au tout numérique, soulevée par Alain de Broca, reste entière. Elle nécessite de se documenter auprès d’experts pour se positionner avec ou/et contre eux.
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Références :
- J. Deonna & E. Tieffenbach (2018), Petit traité des valeurs, Paris, Ithaque, p. 333.
- A. de Broca (2016), Soigner au rythme du patient. Les temporalités du soin au XXIe siècle, Paris, Seli Arslan.
- https://medium.com/tomas-pueyo/coronavirus-le-marteau-et-la-danse-bce68d354c0c
- Platon (-390 av. JC), Gorgias, Paris, GF Flammarion, 2018.
- F. Ewald (1986), L’Etat providence, Paris, Grasset, p. 25.
- Sur la philosophie de l’égalité des chances, voir le chapitre II « L’égalité libérale » dans l’excellent livre de W. Kymlicka (1990), Les théories de la justice : une introduction, Paris, La Découverte, 2003, p. 61 sqq.
- R. Aron (1983), Mémoires, Paris, Robert Laffont, 2010, p. 71.
Philippe Sanchez est docteur en philosophie, membre du conseil éthique de territoire du Nord Pas-de-Calais au sein de l'espace éthique des Hauts-de-France et Formateur en éthique (Socrates)
Réponse d'Alain de Broca à Philippe Sanchez
Merci de votre lecture. Vos arguments sont très riches et évidemment m’aident à mieux écrire si je le réécrivais. Je pense cependant que vous avez été rapide dans vos conclusions mais aussi parce que le texte court peut manquer de clarté car trop d’implicites non formalisés. La temporalité du texte (son écriture) veut aussi son éclat
Je reprends ici deux exemples auxquels nous avons participé modestement :
- Le premier est que nos alertes auprès de la DGS pour dire que le haut conseil de santé publique avait donné des prises en charges de morts tout à fait inadaptées et inhumaines dans les conditions connues du virus ont été entendues et l’ HCSP a écrit quasi le contraire publié me 24 mars 20202 de ce qui était écrit dans leur premier jet (18.02.2020). Entre temps, des personnes ont été mis dans une housse sans qu’on ne permette à aucun membre de sa famille de le voir ni avant ni après. le deuil ne pourra pas commencer ou si difficilement pour ces personnes endeuillées. Cela va entraîner un drame sanitaire social majeur.
- Le second exemple est autour du confinement, thème que vous débattez dans votre retour. Le confinement n’est pas forcément La solution ex Corée, Finlande ou pays circonscrit .. donc savoir modérer les ardeurs des politiques
Osons rappeler que Confinement ne veut cependant pas dire enfermement et qu’il y a tant de manière d’être confiné. Et le confinement comme il est fait, peut entrainer des dégâts secondaires majeurs. Exemple gravissime du confinement de jeunes de certains quartiers (défavorisés) vont probablement exploser dans quelques semaines n’ayant pas eu de possibilité de respirer. Il eut été plus intelligent de faire un « confinement » circonstancié et d’avoir en leur sein des éducateurs qui canalisent la jeunesse désœuvrée au lieu de les laisser aux mains de malfrats mal intentionnés.
Le confinement commence en fait déjà par les moyens très légitimes d’hygiène and co. On fait cela tous les jours en clinique. Donc par essence le mot confinement ne m’est ni contraire à ma pratique quotidienne ni même à ma capacité de penser.
Si aucune politique ne peut résoudre un telle crise sanitaire sans heurter les citoyens, en imposant une règle générale, il est facile de voir que les experts en santé publique ne peuvent pas à eux seuls prôner un choix politique tant ils n’ont qu’une vue partielle du problème sociale, sociétale, anthropologique et éthique.
Enfin, votre réponse aurait pu relever aussi les propositions faites en conclusion de mon texte pour que lecteur comprenne que le propos le plus important de mon argumentaire n’était pas ou non le confinement mais bien de souligner qu’une démocratie se construit bien en amont. A nous de nous en souvenir quand la pandémie sera passée.
Alain de Broca