Quel monde demain pour nos enfants et petits-enfants ?
Quel monde demain pour nos enfants et petits-enfants ?
(édité le 5 avril 2021)
Alain de Broca MD, PhD le 25.03.2020
Face aux enjeux écologique majeurs, les citoyens doivent se ressaisir, pour eux, au quotidien mais aussi pour leurs enfants et futurs..
Le monde surpeuplé demain ? 7 milliards puis 9 milliards dans quelques dizaines d'années ? Cette évolution demande assurément de regarder les ressources avec attention et leur méthode de distribution.
Une démocratie est-elle possible quand tant d'enjeux sont mêlés et entremêlés et bien souvent contradictoires. Les valeurs éthiques pour y répondre au mieux pour le bien de tous ne peuvent être suivies à la lettre car les unes s'opposent aux autres sans compter que chaque valeur a des définitions différentes selon la manière dont on la voit !! (ex de la dignité, l'autonomie de la raison, la justice, etc.. ).
La démocratie est-elle encore démocratie quand sous couvert de situation mondiale telle une pandémie, les restrictions de liberté se font sans discussion réellement démocratique, sous la férule d'experts (ici en santé publique) nouveaux gourous d'un pouvoir qui se dit de haut en bas, quand la démocratie est un processus de bas en haut ? L'urgence d'agir liée ici à la diffusion mondiale d'un virus inconnu de l'immunité humaine est prise comme argument solide et scientifique pour annihiler toutes revendications de faire autrement que d'instaurer des états de siège, de mise sur écoute et de suivi sur GPS (Corée). Tout détracteur est passible non seulement d'amende, mais aussi d'emprisonnement. Des parlementaires avaient même parlé de 6 mois pour récidive de sorties, ce qui fut heureusement refusé.
Sans dénier le fait que si le nombre de décès en France est faible par rapport à la maladie cela vient des efforts de tous les citoyens à suivre les conseils d'hygiène stricts (1ère étape du confinement), c'est aussi grâce aux soignants et aux techniques de réanimation disponibles pour les plus fragilisés. Nous avons la chance d'être dans un pays dont la prise en charge de l'assurance maladie est probablement une des meilleures au monde. Il n'empêche que si ces techniques sont formidables (la circulation extracorporelle par exemple est une technique très lourde et ne pourrait pas être utilisée pour un grand nombre) elles ne doivent pas nous faire croire que la technique pourra éviter notre condition de mortel. Alors, lorsque le corps biologique est trop fragilisé par nombre de maladies chroniques (insuffisance cardiaque, respiratoire, asthme sévère, parkinson, encéphalopathie, sur des terrains fragilisés tabac, alcool, ou grand âge ) une maladie virale sévère comme celle-ci est souvent le déclencheur de la déstabilisation physiologique. Les soignants de soins palliatifs savent que devant la, les maladies graves incurables inexorablement fatales, la qualité du soutien est majeur avec tous les soins "raisonnables" possibles et disponibles quand vouloir trop apporter est par définition déraisonnable.
La "vie est"parce l'être vivant est mortel. D'ailleurs, chaque vivant ne vit que grâce aux milliards de virus et bactéries sur et dans notre corps. Les cellules de notre corps meurent toutes pour se multiplier jusqu'à 70 fois. La mort ultime est notre manière de dire la vie. "Etre vers la mort" rappelait M. Heidegger.
Faire croire que le confinement, que les traitements nouveaux sauront tout éviter est affaire de scientisme non éclairé. Obliger la population à se soumettre à la perte de toute liberté est signe que la vie n'a plus de sens pour ceux qui édictent ces circulaires, décrets. Il faut beaucoup de prudence pour proposer des stratégies aussi liberticide. Les soignants qui accompagnent des personnes graves déambulantes (malade de santé mentale, personne avec déficit cognitif grave) avec risque vital pour eux ou pour autrui savent combien la "contention" (autre mot pour dire confinement) est la thérapeutique du dernier recours et toujours au plus court.
Les décisions politiques pour un plus grand nombre ne peuvent pas être simplistes. Mais comme pour une situation singulière, il faut prendre une responsabilité. Cependant, même en urgence, il est nécessaire de donner au patient, et à sa famille des éclaircissements, ce que le clinicien tente de faire en permanence. Il en est de même vis à vis d'une nation afin qu'elle accompagne et soutienne le choix du responsable. Cela sera d'autant plus facile qu'on aura appris bien en amont à se parler, à se comprendre. Le politique a-t-il réellement aider les citoyens à anticiper ce moment ces années dernières ?
C'est pourquoi, il me parait licite de se demander de nouveau, quel monde voulons-nous pour nos enfants ? Si on veut qu'ils puissent vivre au mieux en intelligence et pas soumis à des régimes dictatoriaux, je soumets plusieurs pistes
Amener TOUS (la plupart) des citoyens à participer à des débats publics par des méthodes bottom-up pour réfléchir bien en amont des nouvelles crises qui ne manqueront pas de survenir puisqu'il y aura d'autres crises sanitaires ou écologiques - manque d'eau par exemple. Je revalide la méthode des prismes pour ce faire.
Proposer dès maintenant des temps obligatoires en cursus scolaires et universitaires pour apprendre la disputatio, c'est à dire apprendre à s'écouter, se parler. Il faut retrouver un vrai langage démocratique en formant dès le plus jeune âge les enfants au doute socratique, à la logique aristotélicienne, à la volonté de chercher à faire le bien pour tous sans peur potentielle de dire que la vie c'est aussi laisser la place à la jeunesse.
Oser en période de crise, une vraie aide des plus exclus, certes les personnes âgées, en prison ; les sans domiciles fixes.... mais aussi toutes les familles des quartiers défavorisés qui aujourd'hui vivent de la violence confinée en appartement ou dans les caves des barres des quartiers cachés, au lieu d'être accompagnés par des équipes "soignantes" sociales et éducatives. On essaierait alors d'éviter qu'une explosion sociale ne survienne dans les mois à venir. On essaierait d'éviter d'avoir mis des jeunes aux mains des dealers, des gangs des quartiers qui voient en eux des êtres désœuvrés et si disponibles !
Tenter de dire à la population que de se voir tous sous reconnaissance faciale et suivi au cm près par GPS n'est pas la meilleure manière pour assumer sa liberté.
Alain de Broca est médecin, docteur en philosophie et directeur de l'espace éthique régional des Hauts-de-France