StopCovid devient TousAntiCovid

L'application de traçage épidémiologique du gouvernement français change de nom et intègre de nouvelles fonctionnalités. Est-ce un vrai changement ?

Le premier ministre, Jean Castex, et le secrétaire d'Etat chargé de la transition numérique, Cédric O, ont présenté jeudi 22 octobre en conférence de presse la nouvelle version de l'application gouvernementale de traçage des cas contacts. L'application renommée "TousAntiCovid" comprend de nouvelles fonctionnalités mais garde la même technologie que la précédente :  le protocole de traçage des cas contacts, développé par l'Inria, et la technologie Bluetooth. 

Les utilisateurs ayant passé plus de 15 minutes à moins d'un mètre de distance d'un autre utilisateur ayant scanné le QR code présent sur le résultat positif de sa propre PCR ou d'un autre utilisateur identifié comme atteint par l'assurance maladie. Les utilisateurs avertis par l'application bénéficieront d'un accès prioritaire au dépistage par PCR.

La véritable "nouveauté" est l'intégration d'informations pratiques comme un lien vers une carte des centres de dépistages (déjà disponible sur https://sante.fr/recherche/trouver/DepistageCovid), un lien vers des conseils de protection (disponible sur https://mesconseilscovid.sante.gouv.fr)  et des d'éléments d'information comme  le nombre de personnes testées positives chaque jour, le taux d'incidence, le taux de reproduction R et le taux d'occupation des lits de réanimation par des malades Covid. La fourniture d'autres informations plus précises et plus personnalisées est en cours de développement.

L'ajout de ces "goodies" destinés à rendre l'application plus séduisante n'en change pas le principe. Les  points identifiés dans notre réflexion sur StopCovid restent les mêmes, notamment la non prise en compte des donnée dont on dispose sur le comportement des populations face à un risque invisible et durable.

On peut également se questionner sur la pertinence de la politique de réalisation des tests PCR dans la population générale. La libéralisation d'une dépistage gratuit, non ciblé entraîne des difficultés pratiques non seulement dans l'accès au tests mais aussi dans le délai de rendu des résultats. La priorisation semble maintenant confiée à une machine (voir l'article de Stéphane Zygart sur notre site) : pourquoi n'avoir pas eu recours aux professionnels de santé pour prioriser les tests par le biais d'une ordonnance ? Ces professionnels ont-ils perdu tout crédit ?