Attentats : le Président du CNRS lance un appel à projets de recherche

Suite aux attentats de Paris, le CNRS lance un appel à projets de recherche sur "tous les sujets pouvant relever des questions posées à nos sociétés par les attentats et leurs conséquences, et ouvrant la voie à des solutions nouvelles – sociales, techniques, numériques".

 

Nous le relayons ici bien qu'il ne s'applique pas au domaine de l'éthique de la santé, en tout cas en première lecture. La transdiciplinarité est probablement une des clés de l'efficacité dans ce domaine.


18/11/2015

Chères et chers collègues,

L’ampleur du traumatisme causé par les attentats tend à rendre dérisoire toute action qui n’aurait pas d’effet immédiat. Pourtant, cinq jours après le drame qui a frappé la France et passé le temps des déclarations solennelles, la communauté scientifique se voit une fois de plus renvoyée à l’essentiel : comprendre dans le détail et avec toute la profondeur nécessaire les phénomènes qui sont à l’oeuvre aujourd’hui.

Pour mieux les combattre, sans verser dans l’aveuglement qui est justement la marque de la terreur et de ses acteurs, et en utilisant ce que nous avons de meilleur : l’intelligence et les connaissances, acquises par l’étude, le recul et le regard de la recherche. C’est la science qui permet de mieux comprendre ce qui est réellement visé, atteint, en nous tous et au-delà dans le monde entier, par ces assassinats, et peut offrir, sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d’analyse et d’action.

Nous ne partons pas de rien. 

« Après Charlie, quelle recherche ? », telle était l’interrogation que nous posions il y a moins d’un an, appelant à un « meilleur transfert » des travaux existants vers le monde de la décision publique et invitant les communautés de chercheurs concernés à s’investir dans des recherches nouvelles ou délaissées. Nous avons réuni des expériences de « community services », ces formes d’intervention d’une institution de recherche dans la cité, qui permettent à toute la communauté académique de mettre sa créativité et son expertise au service de la société. Le CNRS a soutenu plusieurs projets de recherche sur le risque qui concerne la sécurité humaine, thématique qui ne doit pas être limitée aux expertises militaires et industrielles, ni se focaliser uniquement sur le « sentiment » d’insécurité.

Nous avons également engagé des recherches sur le comportement humain, individuel et collectif, jusqu'ici rarement objet de recherches en France et pourtant élément essentiel pour l’analyse et la prévention des violences, ainsi que sur les processus et trajectoires de radicalisation. Pointant nos propres faiblesses, nous sommes déterminés à soutenir les études sur l’islam qui sont menacées en France alors qu’elles s’intensifient partout ailleurs.

Ces premières réponses, que nous avons mises en place en lien étroit avec l’Alliance Athéna, l’alliance nationale des sciences humaines et sociales, qui regroupe tous les acteurs de la recherche dans ces domaines, sont plus que jamais d’actualité.

Mais sans doute faut-il aller plus loin, aussi bien dans nos travaux que dans notre façon de nous mobiliser. C’est pourquoi je lance à l’ensemble de notre communauté académique un appel à propositions sur tous les sujets pouvant relever des questions posées à nos sociétés par les attentats et leurs conséquences, et ouvrant la voie à des solutions nouvelles – sociales, techniques, numériques.

Le CNRS examinera toutes les propositions. L’objectif est d’occuper des terrains vacants, de répondre à des interrogations qui croisent plusieurs champs disciplinaires, d’utiliser des techniques participatives et les compétences de tous. Chaque projet sélectionné, selon une procédure rigoureuse, simple et rapide, sera doté de moyens de façon à pouvoir présenter des résultats dès 2016.

Les projets de recherche (3 à 5 pages maximum) sont à envoyer en format électronique (pdf) par mail. Les projets seront expertisés au fur et à mesure de leur arrivée. Il n’y a pas de formulaire type.

Le temps de la recherche n’est certes pas celui de la politique. Mais je vois là une occasion rare pour la communauté scientifique d’exprimer une forme de solidarité avec tous ceux qui, de près ou de loin, ont été touchés par ces événements terribles qui, nous le savons tous, peuvent se répéter.

 Alain Fuchs  
Président du CNRS